Description
Désigné en mars 1999 à la suite d’un appel à candidatures européen, notre bureau a, dans l’optique de l’aménagement de l’ensemble muséal « Grand Curtius » à Liège, travaillé sur une série de bâtiments reprenant l’ancien Musée du Verre, les résidences Curtius (XVIIe siècle) et Brahy (XVIIIe siècle) ainsi qu’une nouvelle construction en front de la rue Hors-Château. D’emblée, nous avons veillé a instauré un climat de dialogue entre les intervenants qu’il s’agisse des utilisateurs, des représentants des pouvoirs publics et du tissu associatif en ce compris les associations de défense du patrimoine préalablement opposées au projet.
Notre proposition répond à un double principe : valoriser les espaces disponibles dans le respect des gabarits anciens d’une part, offrir des parcours muséaux adaptés aux collections et accessibles à tous d’autre part. Outre que répondre aux exigences du programme en termes d’espaces utilisables, de circulations et de fonctionnalités, nous avons travaillé à régler nos interventions sur la valeur et la signification patrimoniale du parcellaire et des édifices en place sans aucune concession au vocabulaire historiciste. Élément majeur de ce point vue, la résidence Curtius a fait l’objet d’une étude historique et archéologique fouillée qui a servi de base pour des options telles que l’anastylose du portail ou le percement de baies à leur emplacement d’origine ; par contre, pour le rez-de-chaussée de la façade arrière qui ne comportait plus aucun élément ancien, nous avons créé une galerie d’esprit contemporain restaurant une liaison avec le Palais Curtius. Très significatifs du caractère de nos recherches, les nouveaux châssis en bois peint de la résidence se caractérisent par la conception en « overlap » du double vitrage : avec le verre intérieur plus petit que le verre extérieur qui affleure au plan de l’ouvrant, leur image s’apparente à celle des châssis anciens avec dispositif de fixation au mastic.
Autre élément de réflexion : l’intégration du nouvel édifice. Nous avons dans cette volonté développé un gabarit et des proportions spécifiques. Notre volonté d’observer le patrimoine en place tout en enracinant notre intervention dans le présent est encore sensible dans la façade donnant sur la rue Hors-Château, tant par son rythme, sa couleur que sa modénature. Le mur quasiment aveugle pour répondre aux nécessités en termes de disponibilité de cimaises et de contrôle de la lumière naturelle dans les espaces muséaux s’animent en effet par un jeu d’entailles verticales pratiquées dans le parement de pierre calcaire : dans la perspective de Féronstrée, ce dispositif prend l’allure de pieddroits et crée un dialogue avec les façades des bâtiments historiques qui se trouvent dans son alignement.
Pour limiter l'entretien et assurer la durabilité du parement de façade, les pierres de seuil sont inclinées vers l'intérieur et l'eau collectée et drainée de manière invisible en bas de la paroi afin d'éviter l'accumulation des salissures amenées par les eaux de ruissellement. Le jointement des pierres est également laissé ouvert et biseauté vers l'intérieur, ce qui évite le désagrément des traces indélébiles laissées au fil du temps.
L’ensemble de ces travaux constitue la phase 2 du projet Grand Curtius. La troisième et dernière tranche prise en charge par une autre équipe comprenait des constructions complémentaires, les finitions intérieures, les aménagements des abords et la scénographie. Malgré les limites de notre intervention fixée au gros-œuvre fermé, nous avons intégré toutes les contraintes nécessaires aux parachèvements, en ce compris les aspects acoustiques.
L’opération a été distinguée par l’attribution de trois Prix de l’Urbanisme de la Ville de Liège en décembre 2002.
Fiche technique
Réhabilitation des résidences Curtius et V.Brahy
Localisation
Longitude: 5° 35' 2.689" E