Avec le projet du boulevard Frère-Orban, nous démontrons qu’il est possible de moderniser deux appartements au sein d’un immeuble habité sans nuire à l’harmonie des façades, sans dénaturer les communs et en minimisant au maximum, pendant les travaux, les désagréments pour les autres occupants.

Conçu voici plus de cinquante ans, l’immeuble du boulevard Frère-Orban présente un grand nombre de caractéristiques significatives du début des années 1960. Nous sommes parvenus à dégager des propositions très souples pour adapter aux normes actuelles deux appartements situés aux 9e et 10e étages. Suivant l’expertise que nous avons pu acquérir dans le cadre du projet de Droixhe, nos recherches se sont concentrées sur les aspects techniques et sur l’adéquation du logement au confort de vie d’aujourd’hui. Nous avons travaillé à des solutions pour la modernisation de la sécurité incendie (gaines fermetures et portes RF, suppression de l’alimentation gaz, fermeture des vide-ordures), de l’installation électrique, de l’adduction d’eau, du système de chauffage et de l’installation d’une ventilation double-flux. L’isolation quasi inexistante à l’époque de la construction de l’immeuble a fait l’objet d’une attention particulière : contre cloisons collées sur les murs extérieurs, isolation et faux plafonds, isolation du plancher des chambres, coupure thermique d’1 mètre de profondeur à la jonction des dalles et des murs en façade avant et arrière par suppression de la chape et son remplacement par une isolation. Ces dispositions ont permis d’améliorer l’isolation thermique globale des appartements du simple au quintuple.

L’adaptation du lieu de vie aux exigences contemporaines touche aussi bien le plan que la modernisation des installations, surtout des sanitaires. Suivant une étude de stabilité très précise, nous sommes parvenus à ouvrir l’espace intérieur en supprimant une série de cloisons inutiles, comme celles qui délimitaient l’enfilade du sas d’entrée et du hall. Avec ce gain de place conséquent, les pièces de vie comme le salon et la cuisine (très petite selon la typologie des appartements des années 60) ont été agrandies et sont plus lumineuses. Il en est de même pour les salles de bain : étriquées, sombres et peu ventilées dans la distribution originale, elles deviennent, avec le nouveau plan, plus spacieuses et ouvertes sur l’extérieur et mieux éclairées grâce au placement d’une fenêtre. La ventilation double flux y garantit une meilleure aération.

Les deux appartements à deux chambres jouent aussi le jeu de l’adaptabilité. Une cloison mobile permet de créer aisément une troisième chambre en compartimentant l’espace séjour.

Le projet Frère-Orban est conforme à la philosophie générale de notre bureau. Dans le même esprit que le système Hosomi ou nos travaux pour la réhabilitation du quartier des Guillemins, nous proposons une architecture « responsable » tant sur le plan du bien-être de ses utilisateurs qu’en regard du développement durable. Nous devons pouvoir disposer de constructions moins énergivores et plus attractives en termes de confort de vie. L’enjeu est ici de taille parce que les immeubles à appartements des années 1960 sont très nombreux, parce que leur obsolescence est incivique en regard de la nécessaire préservation environnementale que nous devons observer et parce que leur valorisation s’inscrit dans un mouvement de retour à la ville, qui apparaît aujourd’hui comme une solution crédible à la diminution des ressources énergétiques traditionnelles.